La désinformation climatique comme obstacle à la transition écologique : ce que révèle un rapport de l’IPIE

Un rapport inédit

Un rapport publié par le Panel international sur l’information et l’environnement (IPIE) vient pour la première fois démontrer, preuves à l’appui, que la désinformation climatique constitue un frein structurant à l’action publique. Fruit de dix années de recherche menées par plusieurs centaines de scientifiques, cette synthèse dresse un état des lieux alarmant : la diffusion de récits climatosceptiques ou trompeurs ralentit la transition écologique à l’échelle mondiale.

Une stratégie de ralentissement : mécanismes et acteurs

Des récits construits pour produire l’inaction

Le rapport démontre que la désinformation climatique contemporaine ne se limite plus à un déni frontal des faits scientifiques. Elle prend désormais la forme d’un « scepticisme stratégique » : il s’agit de minimiser la part de responsabilité humaine, de relativiser les effets du réchauffement, ou encore de décrédibiliser les solutions proposées, notamment les énergies renouvelables. Ces narratifs cherchent moins à nier qu’à instiller le doute, afin d’entraver les prises de décision.

Les acteurs identifiés

Trois types d’acteurs sont explicitement désignés par le rapport :

  • Les entreprises de combustibles fossiles, accusées d’orchestrer des campagnes de greenwashing et de financer des récits altérant la perception publique de leurs responsabilités. Le cas de TotalEnergies, cité dans le rapport, illustre cette stratégie.
  • Les partis populistes d’extrême droite, à l’instar du Rassemblement national en France, qui promeuvent un discours climatosceptique fondé sur la défiance envers les institutions scientifiques.
  • Les réseaux d’influence conservateurs, mêlant think tanks, groupes de pression et figures médiatiques, qui organisent la diffusion et la légitimation de ces récits, parfois en mobilisant des experts rémunérés.

Les cibles : décideurs et opinion publique

L’objectif principal de ces campagnes est de perturber le processus de décision démocratique. En désinformant les responsables politiques, ces discours rendent plus difficile l’élaboration de politiques ambitieuses en matière de transition écologique. En brouillant les repères du grand public, ils compromettent également la mobilisation citoyenne.

Recommandations du rapport

Face à cette menace systémique, le rapport propose quatre axes d’action structurants :

  1. Légiférer pour assurer un cadre d’information fiable, transparent et accessible, tant pour les décideurs que pour les citoyens.
  2. Engager des poursuites juridiques contre les acteurs du greenwashing et de la manipulation informationnelle.
  3. Favoriser la constitution de coalitions entre acteurs publics, privés et associatifs, afin de faire contrepoids aux stratégies d’influence nuisibles.
  4. Renforcer les dispositifs d’éducation aux enjeux climatiques, dans une perspective de long terme et d’égalité d’accès à l’information.

Conclusion

Ce rapport marque une étape essentielle dans la compréhension des freins non techniques à la transition écologique. En mettant en lumière les effets tangibles de la désinformation, il appelle à une réaction coordonnée et rigoureuse. Si la lutte contre le changement climatique est bien un enjeu politique, elle passe désormais aussi par la défense de l’intégrité de l’information.